NAKA59
Au
miroir de mon voyage
Je voudrais
commencer une chanson,
Je veux savoir
ce que vous en pensez.
Je veux
comprendre à travers vous
Le fil du jour
de mes pensées.
Je ne cherche
pas de témoins.
Je ne cherche
pas à vous offenser.
Je vous au
juste,
Que vous
passiez devant un miroir,
Que vous
partiez, que vous rêviez ...
Invitation pour une chanson
Mon
invitation pour une chanson, ensemble,
Séparera
votre être de son cadavre,
Réveillera
l'oreille sensible,
Sucrera
votre salive avec du miel.
Chanterez-vous
?
Tiendrez-vous
votre respiration ?
Vous
mettrez une place dans votre esprit
Pour
y graver cette mélodie.
Notre
chanson soignera l'âge du silence,
Fera
jaillir les paroles.
Notre
chanson, ensemble,
Purifiera
le corps du musicien,
Mettra
en valeur ses instruments.
Chantez
!
Ne
dansez que lorsque vous êtes pris
Entre
le courage et le désir,
Entre
le besoin et la satisfaction.
Ce
jour-là, dansez ensemble,
Comme
les feuilles au printemps,
Comme
dansent les saisons
Et
les gens trouvant une raison.
Dansez
jusqu'au crépuscule.
Faites
de ces notes une fête,
De
cette nuit une longue chanson
Qu'on
se rappelle tous les jours
Et
qu'on célèbre dans chaque maison.
Mais
au sommet de toute chanson, il y a un rêve.
Chacun
de vos rêves est le fruit d'un voyage,
Et
le mien a commencé : par un rêve, par une pensée.
Voyage et rêve
De
mon oeil émergea
Ce
regard direct et pointu.
La
traversée des coquilles,
Un
regard,
Un
rayon de soleil,
La
traversée d'une toile d'araignée.
Ma
faiblesse, ma force :
Mon
oeil,
Celui
de droite,
Coïncidant
avec l'autre,
Celui
de gauche,
En
un regard déshabillant.
Regard
unique, synchronisé,
Voulant
ressembler à tous ces gens futés
Qui
arrivent à le diriger face à la réalité.
Une
force :
Ce
pouvoir pénétrant.
Il
désarme, déshabille.
Une
faiblesse :
Sa
propre réflexion,
La
peur de soi-même.
Ma
force, ma faiblesse,
Dans
un rêve brouillé.
Tout
se confond dans un rêve.
Tous
les rêves brouillés.
Tous
partent d'une réalité
Et
se reflètent sur nous-mêmes.
Tous
s'arrêtent devant une énigme.
Et
en ce moment précis,
Le
mien fût interrompu ...
Interrompu
par l'énigme d'une personne,
Celle
des images à double face.
Images à double face
En
fait, il n'y avait pas d'énigme.
Il
n'y avait qu'un miroir.
L'homme
qui vivait un double choix :
Aujourd'hui
ici, demain là-bas,
Ne
faisait que passer sur une lame
Et
se retrouvait intact
En
fin d'une étape.
L'homme
qui vivait un double choix :
Prendre
le haut ?
Prendre
le bas ?
Ne
changeait que son ongle de vue
Pour
calculer
Les
meilleures dimensions d'un amour.
L'homme
a toujours vécu un double choix :
L'amour
et la haine,
La
lassitude et la passion,
Se
superposent au présent,
Se
confondent dans l'avenir.
Le
perdant gagne en espoir,
Le
gagnant perd son rêve.
L'homme,
ne peut vivre un seul choix :
Son
spectre est toute une vie,
Des
rayons noirs, rouges ou blancs,
Pour
une image de couleur.
Multitude
de faisceaux,
Et
seuls les plus fins, les plus brillants
Percent
notre conscience.
Drôle de choix
Quant
à moi,
Si
j'ai choisi l'incertain,
C'est
pour rassembler mes souvenirs :
Une
force, que je me dois moi-même
De
saisir, de redistribuer...
Car
l'incertain ne peut paraître certain
Qu'aux
yeux de celui qui se l'habille.
Si
j'ai choisi l'incertain,
C'est
pour joindre le futur,
Un
futur pour ceux qui veulent bien changer...
Avec
le temps, l'incertain ne peut que produire le certain,
Un
certain habile.
Contre
toute confusion,
Mon
incertain n'est pas une fugue.
C'est
un amour des vérités,
Les
vérités universelles
Que
l'on doit garder parmi nos souvenirs,
Mais
savoir ressortir si l'on doit crier...
Et
avoir vécu l'incertain,
Ne
peut que renforcer les cris fragiles.
Fuite sans fin
Il
m'est si difficile de distinguer ce qui m'advient
De
ce qui m'est fort étranger.
Ce
sentiment étrange, appartient-il au siècle des résistances,
Ou
à celui de la joie de vivre ?
Cette
manière de vouloir caresser mes rêves,
Fut-elle
un acte de réalisme dérisoire,
Ou
plutôt un refus catégorique de ce dernier ?
Ma
fuit du monde
De
ceux qui fuient la fantaisie,
Me
nourrit de sentiments.
Essayerais-je
en fait de m'engloutir par un igloo de bonheur,
Pour
venir à bout de mes faiblesses,
En
vue de remplir mes plaies ?
A
chaque retour à la raison,
D'autres
tentatives renaîtront.
Ma
fuite est perpétuelle,
Telle
celle du théoricien sa théorie,
Du
courageux son courage prononcé,
Du
scientifique son raisonnement trop marqué...
On
cherche tous, le temps d'une cicatrisation,
Une
fugue dans un navire,
Un
refuge chez un esquimau.
On
cherche à effacer la mémoire
Pour
en créer une nouvelle,
Mieux
adaptée à nos rêves.
On
cherche ce modèle
Qu'il
nous semble avoir raté.
Mais,
mon vécu,
Plus
intensivement que jamais,
Revient
marquer cette mémoire.
C'est
pour cela que la raison,
Plus
forte que sa raison d'être,
Revient
dévier mon navire,
Me
trouver dans mon refuge,
Telle
la mémoire,
Pour
un bout de temps encore,
Jusqu'à
la prochaine tentative d'évasion.
Mais
restera-t-il dans l'éternité ce duel qui m'échappe,
Ou
verra-t-il un compromis sous mon propre horizon ?
Les quatre conseils de mon image
Maintes
fois, il m'arrivait de m'observer dans un miroir.
Il
me semblait que c'était moi-même qui me regardais.
Il
ne m'était encore jamais arrivé de douter,
que
c'était toute la société qui m'observait,
que
tout dans mon regard était conditionné...
C'est
alors qu'un jour, j'ai vu mon image me parler.
Entre
toi et moi, une glace et une muraille.
Entre
toi et moi, toute une vie qui t'as changé.
Comme
entre ce que tu prononces
Et
ce que j'entends.
Mais
entre nous deux,
Il y a quatre saisons de récoltes
Et
quatre conseils aussi.
La première :
l'automne.
Souviens-toi de ta mort
Toujours avant d'évoquer ta vie !
La deuxième :
l'hiver.
Vivre dans la prison
N'est que simple formalité
Pour le condamné,
Un malheur pour l'esclave en liberté.
La troisième :
le printemps.
L'amour à la légèreté.
Il n'est jamais trop tôt pour aimer.
La quatrième :
l'été.
Le soleil est une confiance.
Prends-le.
Il te donnera toujours la force pour lutter.
Souviens-toi
de mes quatre conseils.
Souviens-toi
aussi de cette histoire.
Mon histoire
Elle
commence par la colère d'un individu, qui ne se dominant plus, se retrouve face
à lui-même, dans tous les coins d'un hangar tranquille, cyclique, où toutes les
issues mènent à l'impasse.
Quand
il arriva au sommet du désespoir, de la déroute, toute sa colère ne devint que
génie éblouissant. La révolte face à la médiocrité fût spontanée comme un
éclair, surgissant d'un ciel sombre, le ciel final, capable de secouer chacun
d'entre nous.
Les
débris du défoulement laissèrent beaucoup de traces, autant de morceaux que de
paysages divers, dont on pourrait rêver, où l'on arriverait à se glisser, par
toutes ces fenêtres de la société.
Une
telle histoire n'est pas pour te laisser perplexe.
Elle
est pour toi, gardes-la !
Tu
la reliras avant une dernière cigarette,
ou
avant un dernier combat.
Elle
mettrait dans les profondeurs de ton cœur sensible, immigrant l'espoir, de quoi
le remplir de vie, de quoi tuer son silence.
Qui cherche qui ?
Drôle
de rêve.
Tout
cela s'était passé en une fraction de seconde.
C'était
comme un miracle,
Quelque
chose que l'on pourrait se raconter des années après.
Tout
ce que j'ai vu dans mon miroir
N'avait
duré qu'une fraction de seconde.
Et
dans une fraction de seconde,
Je
me suis rappelé d'une scène semblable
Où
j'avais revu cette même image.
Oui,
j'ai rêvé un soir de toi.
Tu
étais si complexe, si bizarre,
Que
tu devais être de mon monde.
Je
t'ai touchée et tu m'as regardé.
Nous
nous sommes devinés.
Ça faisait longtemps que je t'attendais,
Et
tu étais enfin près de moi.
J'ai
fait un beau rêve ce soir là,
Et
c'était toi.
Tu
étais ci douce, si poète,
Que
mon monde a faillit se bouleverser.
Mais
soudain, je sursautai.
Tu
avais perdu l'existence.
Je
t'ai cherchée ensuite partout.
Tu
étais noyée dans les premières lumières.
La
matinée te faisait fuir.
Mes
yeux s'étaient ouverts ;
Je
les ai refermés instantanément
Pour
te rechercher,
Toi
qui n'as peut-être jamais existé.
Finalement,
je l'ai revu,
Ce
dernier reflet de ta silhouette,
Qui
ne laissa hélas,
Plus
aucune trace,
Sauf
ce sentiment de nostalgie
Et
une question profonde
Sur
toute une identité.
Longue
est la mémoire,
Courte
est la vie.
Je
ne l'avais pourtant pas réalisé.
Es-tu
déjà née, toi ?
Es-tu
si adorable, toi ?
Te
connaîtrai-je un jour, toi ?
Ou
est-ce simplement moi ?
Toi
ou moi ?
Ou
un signe un signe que tout le monde perçoit ?
Ce
voyage ne vous répondra point.
Il
faudrait encore repartir, vivre et revenir. La splendeur ne se voit pas et la
couronne ne brille pas : elle éblouie.
Il
faudrait encore des années et des années de rêve, pour que cette personne qui
sommeille en chacun de vous, se mette à l'œuvre.
Il
faudrait que vous la cherchiez,
pas
seulement en face de votre miroir.
Il
faudrait regarder tous les miroirs, descendre dans les profondeurs, mais rester
in extremis sur terre. Car, en observant bien l'entourage, on
s'aperçoit que nous sommes nous-mêmes l'espoir.
Finalement,
nul voyage ne pourra faire dissiper de notre mémoire collective, cette image du
puzzle réel. Nul rêve ne pourra prétendre se substituer à la certitude de
l'éveil, et tout voyage prend fin dans un village sans rêve.
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