dimanche 7 juin 2015

Poésie sans fin ... par Noureddine (alias NAKA 59)

NAKA59


 

Poésie sans fin

 

 

Un rendez-vous impressionnant


Rien de plus sérieux
Que cette fleur
Dorée de patience
Glorieuse dans son cadre
Immense de contenu
Qui a vu le jour
En cette tiède matinée
Où nul jardinier ne fut invité

Rien de plus étonnant
Qu'une fleur de paix
Qui pousse en toi
Oh terre oubliée

Ce jour là
Je ne me réveillais pas en sursaut
Ce jour là
Je n'ai vu que ce que je pouvais voir
Et depuis
Je n'ai cessé de t'observer
Et toi
Tu n'as cessé de me fasciner
A chaque fois qu'une nouvelle fleur
De ta pureté jaillit


Toulouse, le 30 septembre 1988
 

 

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Le chergui d'un soir


Le chergui de ce soir
Sans doute
A fait envoler toutes les envies légères
Changé les directions des navires
Chassé tant d'indécis
Et brûlé leurs fantasmes politiques

Comme tous les soirs
Il a dû secouer les cœurs sensibles
Et créer pour les amoureux
Un idéal de lutte

Et encore une fois
L'air me remplira les poumons
Le désir de m'envoler me prendra
Et je partirai dans mes rêves
Plus profondément que jamais...

Je survolerai la terre entière
Je serai à la fois n'importe où je désirerai
Je ne demeurerai prisonnier que de mes pensées

Je pourrai traverser les barreaux,          y voler la vérité
Plonger au fond des mines,                    sentir ta sueur
Me transformer en poussière,                 découvrir ta propreté
M'allonger dans les champs,                  réaliser ton ardeur

Ainsi, au bout de mon voyage
Ce mal de tête deviendra bonheur
Car, aussi proche de l'utopie soit-il
Le chergui de ce soir
Aura effacé toute mon hypocrisie
Toute ma mort

Tanger, le 18 août 1988

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L'arme poésie


Maladresse innée constituée maladroitement
Ingénieuse idée palpitant avec le cœur
Image sentie comme un soir falsifié
Amour créé tant que besoin existe
Existence supposée supposant le ciel
Dieu fixé annonçant vos malheurs
Trésors figés comme le mal et le bien
Cascades usées et l'usage des forces
Fleuves sans soupçons et la mer calme
Pour calmer les maux, des mots acclamés
Aucun sens que des proverbes perdus
Que la rime revêtue de paroles mouillées
Chanson d'esclave chantant en grandiose
Mythe de Calabre de l'enfant rêveur
A pas de géants vers une maigre issue
Le cœur battant au rythme des ailles
L'espoir raisonnant dans les creux de la tête
Les étoiles brillantes guides du fruit
Sans aucun effort se perd le paradis
A tord ou à raison on jette le fusil
Délicieuse arme la poésie de la vie

Valenciennes, le 25 mai 1989
 

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Théorie des bouts : la question


Un jour, tu partiras …
Toi aussi,
Comme d'autres l'ont déjà fait.
Que deviendras-tu ?
Que saurais-tu des autres ?
Ah, si au moins tu avais des certitudes !
Je suis sûr que, de la vie des autres,
J'ai une vue, une perception.
Peut-être pas tous les jours…
Ou parfois pas du tout…
Les autres vivants ne me verront plus.
Ça c'est sûr.
Ou par l'intermédiaire d'esprits.
Moins sûr.
Penseront-ils au moins à moi ?
Parfois.
Puis, de moins en moins.
Durant combien de temps ?
Et leurs enfants ?
Et les petits enfants ?
Ainsi est fait le temps.
Le temps est oubli.
Alors on essaie d'inventer,
D'écrire pour être connu,
De prendre des galons,
D'ériger des statues.
Les plus naïfs essaieront simplement
De marquer des pierres
A défaut de graver des esprits.
La plupart tentent de croire en des idéaux,
De forger des convictions
En l'absence de compréhension.
Mais, que comprendre ?
Sur quoi ?
Pendant combien de temps ?

Ah le temps !
Avant le temps.
Après le temps.
Quel temps ?
Le mien ?
Le tien ?
Le nôtre
Relayé
Transmis
Génération après génération…
Depuis longtemps.
Très très longtemps.
Et pourtant, personne n'a compris le temps.
On se fabrique des échelles,
Des sciences,
Sans jamais réussir à joindre les deux bouts.
L'Homme a réussi à fabriquer
Ses propres échelles,
De plus en plus longues,
De plus en plus sophistiquées,
Mais jamais suffisamment pour atteindre un bout.
Nous sommes tous obsédés par les bouts :
Big bang ou jardin d'Éden,
Jugement dernier ou réincarnation…
Mais quel est ce besoin de référence ?
D'où vient-il ?
Comment finira-t-il ?
Toujours cette question ?
Si nous savions situer au moins un bout ?
Et s'il n'y avait aucun bout ?



Lille, le 24 mai 2001

 

 

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Le sourire délaissé





   

Il est là,
ou dans l'au-delà

Je l'attends,
il ne viendra pas

Il ne donnera

           aucun rendez-vous

                          aucun espoir

                                   aucun malentendu

                                             aucun entendu

Je pars dans l'univers des recyclages

Lui, il ne viendra pas
Une flamme me pourchasse
Mon instinct me dépasse
Et j'entends siffler mon arme, au loin
Et je perds mes dents, ma foi
Mais lui, il ne donnera       
aucun rendez-vous
                          aucun espoir
                                    un malentendu,
peut-être
Vient le soir     
où disparaissent les illusions
                          où je retrouve mon miroir
Vient le soir     
dont mes craintes s'éparpillent
                          on peut le voir dans le noir
Et lui, ne donnera     
aucun rendez-vous
                          aucun espoir
C'était à moi d'aller le chercher
C'était entendu



Mons en Baroeul, le 30 septembre 1989
 

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Désarroi

Les tornades et les vents sauvages
Sous un visage habillé
Règnent sans nulle parole
Sur un monde éparpillé

A l'image de tout naufrage
La terre reste mouillée
Et le ciel en rigole
Comme si on l'avait chatouillé

Et vous qui êtes en rage
Comme un char rouillé
Les temps vous ramollissent
Vous distinguent du lévrier

Par ces dizaines de voyages
Tu n'as fait que balayer
Une par une tes paroles
De la poussière oubliée

Maintenant il reste des cages
A chaque maison fouillée
Tous ces oiseaux qui volent
Ne reviendront plus s'y marier

Une par une, mes pages
 Dans un vieux livre plié
Témoignent de ma crainte folle
D'un long roman gaspillé


Lille-Valenciennes, le 31 janvier 1990
 

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Portraits


Serein
Il ne craint rien
Ni dieu, ni commandant
Ni famine, ni bâton
    Ne crie jamais
    N'a pas de remords
    Même sous l'eau
    Peu encore mordre

                     Espèce très rare
                     Sauf chez les poissons

Pour ses riverains
Il est solitaire
Ne parle jamais
Que pour faire taire
    Sa foi est un mystère
    Son foie souffre de la guerre
    Même si les anges se mettent à boire
    Lui ne peut contester les lois

                     Mammifère non affilié
                     Courant mais non identifié

Il se partage tout
Quand il veut prendre
La part des autres
Il peut se vendre
    Son derrière ne cesse de grossir
    Car tout ce qu'il y met
    Ne peut sortir
    Et n'a aucun temps pour réfléchir

                     Animal ou humain
                     A vous de choisir
                       

Tanger, le 22 août 1989
 

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à suivre ... POESIA ESPANOLA

NAKA59